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VI
les petits

Ceux-là n’étaient pas méchants ; c’étaient les autres. Ceux-là ne me firent jamais de mal, et moi je les aimais bien, parce qu’ils ne sentaient pas encore le collège et qu’on sentait toute leur âme dans leurs yeux.

Je ne les punissais jamais. À quoi bon ? Est-ce qu’on punit les oiseaux ?… Quand ils pépiaient trop haut, je n’avais qu’à crier : « Silence ! » Aussitôt ma volière se taisait — au moins pour cinq minutes.

Le plus âgé de l’étude avait onze ans. Onze ans, je vous demande ! Et le gros Serrières qui se vantait de les mener à la baguette !…

Moi, je ne les menai pas à la baguette. J’essayai d’être toujours bon, voilà tout.

Quelquefois, quand ils avaient été bien sages, je leur racontais une histoire… Une histoire !… Quel bonheur ! Vite, vite, on pliait les cahiers, on