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« Si je n’écoutais que mon cœur, je n’hésiterais pas à vous répondre ; car, si vous m’aimez comme vous dites, je crois bien que je vous aime aussi… Mais je ne suis pas libre, je ne suis pas seule dans la vie… regardez là-bas… »

Elle montrait son père et ses sœurs qui leur faisaient signe de loin, se hâtaient pour les rejoindre.

« Eh bien ! et moi ? fit Paul vivement… Est-ce que je n’ai pas les mêmes devoirs, les mêmes charges ?… Nous sommes comme deux veufs chefs de famille… Ne voulez-vous pas aimer les miens autant que j’aime les vôtres ?…

— Vrai ?… C’est vrai ? Vous me laisserez avec eux ?… Je serai Aline pour vous et toujours Bonne-Maman pour tous nos enfants ?… Oh ! alors, dit la chère créature rayonnante de joie et de lumière, alors voilà mon portrait, je vous le donne… Et puis tout mon âme avec, et pour toujours… »