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comprît rien. « Oh ! ce X*** », disait-on, « malade imaginaire ». Risée de tous les siens avec son clystère, son pot d’eau de guimauve, etc.

S*** prétend que le bromure l’apaise, le rend raisonnable, ratiocineur, le tourne au Prudhomme.

La vie de son père, mangeant debout, toujours en marche, picorant ça et là des assiettes posées tout autour de la salle à manger.

X*** et son malade, que je rencontrais à la gare. Tous les diagnostics. Figure de cet homme si riche. Poignées qu’il a fait mettre chez lui, sorte de balustrade, de rampe, où il s’accroche quand la crise le prend. Dort debout, comme un cheval devant sa mangeoire.

Bien pensé à cet homme-là en écrivant L’Évangéliste, associant cette image d’un être avec le paysage de rails, train qui arrive, express, maison de D*** R*** qu’on apercevait.

X*** me parle de son beau-père. La fille, huit ans près du malade, veillant nuit et jour, le lavant, le retournant ; ongles des pieds et des mains, etc. Donné sa vie à ça. Il meurt avec un petit cri. Stupeur de la pauvre femme devant ce peu, ce rien de vie qui finissait tout de même. « Elle ne va donc pas fermer la bouche », pensait X***, agacé. Dernière toilette, et puis c’est fini. Seule dans la vie maintenant, ne sachant à quoi se prendre, qui aimer, qui soigner. Prisonnier sorti de Melun, après une longue incarcération, et qui se retrouve dans la rue.

Lu La Maladie à Paris, de Xavier Aubryet. Souffert quatre ans. Tortures de boulevard. Générosité de Brébant ; charités de la Maison d’Or.