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Après avoir beaucoup usé d’acétanilide, — bleuissement des lèvres, anéantissement du moi assommé — je viens de faire toute une année d’antipyrine. Deux ou trois grammes par jour. Tous les huit à dix jours, morphine à petites doses. Sans joie, l’antipyrine, et depuis quelque temps d’une action cruelle sur l’estomac et les intestins.


La suspension. Appareil de Seyre.

Sinistres, le soir, chez Keller, ces pendaisons de pauvres ataxiques. Le Russe qu’on pend assis. Deux frères ; le petit noiraud gigotant.

Je reste jusqu’à quatre minutes en l’air, dont deux soutenu seulement par la mâchoire. Douleur aux dents. Puis, en descendant, quand on me détache, horrible malaise dans la région dorsale et dans la nuque, comme si toute ma moelle se fondait. Je suis obligé de m’accroupir et me redresser peu à peu, à mesure — me semble-t-il — que la moelle étirée reprend sa place.

Nul effet curatif sensible.

Treize suspensions. Puis crachements de sang que j’attribue à la fatigue congestionnante du traitement.

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Tout fuit… La nuit m’enveloppe…