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où ils rencontrèrent Suzannet et Sapinaud. Les choses se passèrent là comme au quartier général de d’Autichamp. Le désastre d’Aizenay disposait les officiers vendéens à accueillir des ouvertures qui, dans leur pensée, devaient aboutir à une suspension d’armes. Mais au marquis de La Rochejaquelein seul appartenait le droit de décider. Or, La Rochejaquelein était hostile à toute tentative d’arrangement.

La veille, dans un conseil auquel assistaient Suzannet et Sapinaud, il l’avait déclaré. En dépit de l’affaire d’Aizenay et du départ des navires anglais, il croyait encore à la possibilité de continuer la guerre. Il voulait même la porter dans le Marais entre Bourbon-Vendée et Nantes, bien que ses lieutenants lui eussent fait observer que dans ce pays plat et ouvert, où les Vendéens, jadis, avaient été toujours battus, il serait plus exposé aux attaques de Travot et de Lamarque. Le 31 mai alors que de tous les côtés éclatait la preuve de l’avortement de cette folle insurrection, il ordonnait à d’Autichamp de se réunir à lui. « Il y a sur la côte, disait-il, six gros bâtiments et trois plus petits chargés pour nous » – affirmation que la lettre du commandant de L’Astrée, citée plus haut, semblait démentir.

D’Autichamp n’obéit pas à l’ordre qui lui était donné. Ses bandes, comme celles de Suzannet et de Sapinaud, refusaient de suivre La Rochejaquelein dans le Marais, « craignant d’y trouver un tombeau ». Le généralissime, livré à ses propres forces et se dérobant à l’entrevue que sollicitaient de lui Malartic et ses compagnons, poursuivit seul ses opérations, après avoir destitué et remplacé ses lieutenants rebelles qui d’ailleurs refusèrent de reconnaître ses pouvoirs et d’abandonner leur commandement. Désormais, tout n’allait plus être, dans cette malheureuse campagne,