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pour se rendre à Paimboeuf où il s’embarqua le 31.

Dans la nuit qui suivit son départ, Suzannet et Flavigny reçurent du général Foy un avis secret. Le général les prévenait que si, comme il avait lieu de le supposer, le duc de Bourbon prenait le parti de s’embarquer, l’ordre de l’arrêter ne serait pas donné. Ni gendarmeries, ni troupes pouvant l’inquiéter ne sortiraient de la ville. « Je serais au désespoir, disait le général Foy, de coopérer en rien à l’arrestation du prince. » Il tint sa parole jusqu’au bout. Le colonel Noireau tint aussi la sienne en délivrant les passeports. L’aide de camp envoyé pour les réclamer rentra à Beaupréau quelques instants après le départ du duc de Bourbon.

Le salut de celui-ci étant désormais assuré, rien ne retenait plus les chefs vendéens. Ils se séparèrent en exprimant l’espoir de se retrouver bientôt. Aucun d’eux ne doutait d’une revanche prochaine. Dès ce moment ils allaient travailler à la préparer, convaincus d’ailleurs qu’une insurrection ne réussirait qu’autant qu’elle coïnciderait avec la mise en marche des alliés qui venaient, au Congrès de Vienne, de mettre Napoléon hors la loi et de se résoudre à la guerre en s’engageant à ne déposer les armes que lorsqu’il serait renversé.

À l’approche de la campagne qui se préparait contre lui, les Anglais se montraient les plus entreprenants, les plus actifs, les plus acharnés. Ils voulaient qu’on créât à l’Empereur des embarras sur la Loire. Sans croire à l’efficacité immédiate d’un mouvement insurrectionnel dans l’Ouest, ils poussaient à une prise d’armes, comptant tirer profit de la nécessité où se trouverait Napoléon d’envoyer une armée contre les chouans. Mais il ne convenait pas à ceux-ci de se soulever avant que les hostilités fussent engagées aux frontières. Ils redoutaient d’être trompés par les Anglais comme ils l’avaient