Page:Daudet - La Police et les chouans sous le Consulat et l’Empire, 1895.djvu/317

Cette page n’a pas encore été corrigée

pas à les affronter. C’est même lui sans doute qui désigna la côte de Saint-Cast comme un point favorable aux atterrissages. Né à Saint-Malo, elle lui était familière. Il y avait des relations et des amis. Avant de se jeter dans l’entreprise, il dut se rendre à Londres où résidait Larivière afin de recevoir de lui des instructions. Après les avoir reçues, il objecta qu’il ne pourrait probablement aller lui-même à Paris et à Brest. Peut-être, à voyager dans l’intérieur de la France, à se montrer dans les villes, s’exposait-il trop à être reconnu et dénoncé. Mais il se fit fort de trouver des hommes capables de le remplacer, de tout voir aussi bien que lui. Il reçut de Larivière quinze cents louis, des proclamations, des libelles imprimés qu’il devait répandre, un questionnaire et trois lettres destinés à divers personnages habitant Paris : l’abbé Sicard le glorieux inventeur de la méthode d’instruction pour les sourds-muets, l’avocat Caillé, ancien secrétaire du ministre de la Police, le vaudevilliste Laya, lequel était en même temps qu’auteur dramatique professeur de rhétorique au lycée Charlemagne.

Revenu à Jersey, il en repartit le 25 septembre par un bateau comptant onze hommes d’équipages, neuf Anglais dont nous n’avons pas les noms, et deux Français, Roussel et Quintal. Dans la soirée du même jour, vers dix heures, il débarquait sans encombre à Saint-Cast. Le bateau repartit sur-le-champ. Quintal, à qui Chateaubriand en remettait le commandement, reçut l’ordre de revenir à Saint-Cast le 29 septembre attendre celui-ci et ensuite le 15 octobre si, la première fois, il ne le trouvait pas au rendez-vous.

Dans ce petit village, habitait un ami de Chateaubriand, propriétaire considéré dans le pays. Il se nommait Delaunay de Boisé-Lucas. C’est chez lui que le