Page:Daudet - La Police et les chouans sous le Consulat et l’Empire, 1895.djvu/314

Cette page n’a pas encore été corrigée

Sauf le comte de Goyon-Vaucouleurs, le chirurgien Lemoine, Mme  de Goyon-Beaucorps et Mme  de Cognac, tous les accusés appartenaient aux plus humbles classes sociales. On ne comptait pas moins de neuf femmes parmi eux. Goyon émut ses juges par son attitude simple et digne. Il leur parla de sa femme et de ses enfants dont il était l’unique appui. Il ne s’était mis au service de l’agence de Jersey que pour assurer leur existence. Il déclara que, s’il obtenait sa grâce, il demanderait à rentrer dans la marine. Il promettait d’y servir loyalement l’Empereur. À cela se borna sa défense. En revanche, Prijent se révéla, dit le général Mignotte, comme « un coquin consommé ». Il se mit constamment en contradiction avec lui-même. La plupart de ses déclarations antérieures furent reconnues fausses. Jusque dans sa correspondance « avec les ci-devant princes français, avec le duc de Bouillon, avec Puisaye », il avait effrontément menti. Les protestations provoquées par ses réponses constituèrent les seuls incidents de ces débats.

La sentence fut rendue dans la nuit du 2 au 3 octobre. François Prijent, Jean Leclerc, François Deschamps, Jules Bouchard, François Launay, Olivier Botrel et le comte de Goyon étaient condamnés à mort, les autres accusés mis à la disposition de la police ou acquittés. En ce qui touche ceux-ci, disons, pour n’y pas revenir, qu’acquittés ou mis à la disposition du ministre, leur sort devait être pareil. Ils furent incarcérés les uns et les autres pour une durée plus ou moins longue, Mme  de Goyon-Beaucorps pour trois mois, Mme  de Cognac pour un mois. Ils durent résider ensuite à trente lieues des côtes, sous la surveillance de la police. Adèle Stevenot était décédée en prison.

Le 3 octobre, à 4 heures de l’après-midi, on conduisit