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s’astreignaient, l’un et l’autre, à ce dur métier qu’à l’effet de se procurer quelques ressources pour nourrir leur famille.

Après avoir reçu l’avis venu de Hambourg, la police de Fouché, stimulée par Réal et Desmarets, les deux acolytes du ministre, redoubla de vigilance. L’agitation royaliste en Bretagne l’avait convaincue qu’une insurrection se préparait. Elle soupçonnait Puisaye d’en avoir pris la direction d’accord avec le gouvernement anglais et le prince de Bouillon. Le 30 mars 1807, Réal écrivait à Fouché : « Il me paraît hors de doute que les communications des îles de Jersey et de Guernesey se sont constamment maintenues par la voie de Saint-Malo, quoique l’autorité locale n’en ait rien su, et n’ait élevé aucun soupçon sur les agents de ces communications coupables. » Il allait jusqu’à se demander, tant il était étrange qu’elles n’eussent pas été dénoncées, si le maire ne les avait pas favorisées.

Presque en même temps, les prévisions de la police étaient confirmées par des avertissements de ses espions de Londres, auxquels succédèrent en peu de jours des faits significatifs. Le commissaire général de police de Brest, à la date du 5 avril, annonçait le débarquement de Prijent à Saint-Briac. Le préfet de la Manche signalait la présence d’un cutter anglais en vue de Cancale. Ce navire avait tiré des coups de canon, et fait des signaux. Au commencement de mai, Fouché acquérait la certitude que le fameux Bertrand Saint-Hubert, qu’il croyait retourné en Angleterre, après l’affaire de l’agence anglaise de Bordeaux, s’était montré dans le Morbihan. Reçu par La Haye Saint-Hilaire, qui tenait la campagne aux environs de Vannes, il avait été conduit par ses soins sur les bords de la Loire où les gendarmes, après l’avoir vainement poursuivi, venaient de le laisser s’enfuir.