Page:Daudet - La Police et les chouans sous le Consulat et l’Empire, 1895.djvu/290

Cette page n’a pas encore été corrigée

passeports à une famille que je suis obligé de renvoyer désolée ?

Après l’échec de cette démarche, il semblait que tout espoir de sauver la condamnée fût perdu. Mais la famille de Combray conservait celui d’obtenir de l’impératrice Marie-Louise ce que son époux avait refusé. Cet espoir, que les médecins entretinrent en consentant à ne pas déclarer que Mme  Aquet de Férolles n’était pas grosse, devait être déçu. Fouché et Réal ne voulaient pas que Mme  Aquet de Férolles fût épargnée. Le 6 octobre 1809, quatre médecins, dont trois n’avaient jamais vu la condamnée, invités à l’examiner, furent unanimes à déclarer qu’il n’y avait pas de grossesse. Le premier président envoya sur-le-champ, par un courrier, leur déclaration à Réal. Le courrier rapporta l’ordre « de donner suite à l’arrêt ».

Les détails manquent sur les derniers moments de Mme  Aquet de Férolles. Il n’en est d’autres que ceux qui figurent dans une brève communication faite en 1877 à l’Académie de Rouen par un de ses membres, M. de Duranville. Il les tenait d’un de ses confrères, M. Homberg, contemporain de ces événements. Mme  Aquet de Férolles alla au supplice, le 7 octobre, dans une charrette que M. Homberg, encore enfant, vit passer dans la rue de la Grosse-Horloge. La condamnée était vêtue d’une chemise en flanelle blanche, « ni abattue, ni hardie », dit-il. Un peloton de gendarmes escortait la charrette, autour de laquelle des vendeurs débitaient au public l’arrêt de la cour criminelle. Après l’exécution, le corps fut inhumé au cimetière de Saint-Maur. Au-dessus de la fosse, à un arbre qui la couvrait de son ombre, une main inconnue attacha un ruban noir.

Aussitôt après la condamnation de sa femme, Aquet de Férolles avait été remis en liberté. Quand elle eut