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Tandis que périssait en ces circonstances mystérieuses le principal instigateur de tant d’événements tragiques, Mme Aquet de Férolles continuait à vivre. Mais son existence n’était plus qu’une agonie. Pourquoi ne la conduisait-on pas à l’échafaud ? La grossesse qu’elle avait alléguée, personne n’y voulait croire, en l’absence de tout signe extérieur. Cependant le premier président de la Cour de Rouen écrivait à Réal, le 23 août : « Les médecins n’osent se prononcer, ils ne peuvent dire qu’elle n’est pas grosse. Si elle l’est, elle doit l’être de huit mois et demi. » Il est vrai que ces médecins étaient ceux de la famille de Combray et qu’ils se faisaient les complices des suprêmes efforts tentés encore par celle-ci pour obtenir la grâce de la condamnée, bien que l’Empereur l’eût déjà refusée, au mois de juillet précédent, quand les petites Aquet de Férolles étaient allées au fond de l’Allemagne se jeter à ses pieds.

Parmi les douloureux épisodes dont nous avons entrepris le récit, il n’en est pas de plus émouvant que celui du voyage de ces deux enfants que, sur l’hypocrite conseil de Fouché, on avait envoyées à l’Empereur, dans l’espérance de l’émouvoir. C’était au lendemain de Wagram. On croyait que, dans l’ivresse de sa victoire, il serait accessible à des idées de clémence et pardonnerait, comme il l’avait déjà fait à diverses reprises, notamment pour les Polignac et pour Hyde de Neuville. Les fillettes s’étaient donc mises en route, malgré les fatigues et les périls d’un long voyage, à travers des