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celui du Calvados en un moment où, de toutes parts, des agents de Fouché s’évertuaient à le découvrir, qu’on devrait en conclure, si la conclusion n’était par trop invraisemblable, que, loin de se laisser décourager par l’arrestation de Le Chevallier et de ses complices, il s’entêtait dans ses projets de soulèvement et d’insurrection.

Brusquement, il dut quitter son asile. Un inconnu était venu demander « M. Alexandre ». Était-ce Liquet ? Était-ce un agent secret de Fouché ? Les documents sont muets sur ce point. Ils constatent que, se croyant sous le coup d’une arrestation, il s’enfuit de Trévières pour se réfugier chez Mlle  de Genneville, à Rubercy. Il y trouva Gilbert de Mondejeu, un chouan comme lui, jadis directeur de la correspondance royaliste en Normandie, associé aux premiers préparatifs du soulèvement et qui s’en était ensuite retiré. Chez Mlle  de Genneville, les deux proscrits se croyaient en sûreté. Mais, un matin, les gendarmes se présentèrent. Ils venaient de Trévières. D’Aché et Mondejeu n’eurent que le temps de déguerpir. Celui-ci disparut à ce moment. Quant à d’Aché, il se rendit chez cette veuve Amfrie de Bayeux, où il s’était tenu trois ans avant, quand il avait quitté la marquise de Vaubadon. Elle habitait aux portes de Bayeux une maison ayant une sortie sur la campagne. De chez la veuve Amfrie, il passa chez une demoiselle Dumesnil, au centre de la ville, et, enfin, chez Mlle  Eugénie de Montfiquet, une vieille fille, parente des Montfiquet de Trévières.

Toutes ces personnes correspondaient avec Londres, servaient d’agents aux royalistes et d’intermédiaires entre eux. Elles pratiquaient en même temps la contrebande des produits anglais, sans qu’on puisse établir si la politique couvrait leur commerce ou leur commerce la politique. Ce qui ne laisse aucune place au doute, c’est