Page:Daudet - La Police et les chouans sous le Consulat et l’Empire, 1895.djvu/265

Cette page n’a pas encore été corrigée

– Pour le sauver, répondit-elle, je dirai tout ce que je sais.

Elle dénonçait des employés de la police de Paris dont Le Chevallier avait prononcé le nom devant elle et dont il fut aisé d’établir la parfaite innocence. Elle n’épargnait que sa mère. Liquet eut beau ruser, il n’obtint d’elle aucune parole incriminant Mme  de Combray. Celle-ci, de son côté, persévérait dans ses dénégations. Tous les individus dénoncés par Mme  Aquet de Férolles avaient été successivement arrêtés, et avec eux Lanjalley, Chauvel, Mallet, Le Marchand. Tous avaient avoué. Seule la marquise de Combray se bornait à confesser ses relations avec d’Aché, persistant à se dire innocente de toute participation au vol.

Ce n’était pas le compte de Liquet. Il voulait grossir ses états de service de l’honneur d’avoir établi la culpabilité de cette femme. Son imagination toujours féconde lui suggéra la nouvelle ruse à l’aide de laquelle il allait parvenir à ses fins. Le 12 novembre, la femme Delaistre remit en grand mystère à Mme  de Combray un billet du vicomte d’Aché, tracé en hâte, au crayon, arrivé on ne sait comment. Très court, ce billet, mais en disant long dans sa brièveté. « Le Roi vient de débarquer. Il va remonter sur son trône. » La pauvre vieille se laissa prendre à cette sottise.

– Je veux écrire au Roi, s’écria-t-elle enthousiasmée.

Elle lui écrivit : elle félicitait Sa Majesté de son retour au pays de ses pères, l’invitait à s’arrêter à Tournebut en allant à Paris et, dans son empressement à le convaincre de l’ardeur de son royalisme, elle lui traçait le tableau de tout ce qu’elle avait fait pour son service, en enjolivant cette apologie de sa conduite du récit d’un tas de prouesses imaginaires. Jaunie par le temps, cette lettre est au dossier, une lettre sur papier du plus grand