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Mme}} Aquet de Férolles, bien qu’il eût espéré la surprendre chez Lanoë. « Ce coup a presque démonté nos batteries. J’en suis inconsolable. »

Alors, il se retourna vers Lefebvre, dont les dénonciations ne se produisaient qu’avec lenteur, peu à peu, au gré des nécessités de sa défense. À force de ruser, il lui arracha l’adresse d’une femme Normand chez qui, paraît-il, Lefebvre avait vu Mme Aquet de Férolles. C’était cette blanchisseuse de Falaise, dont les imprudents propos avaient amené l’arrestation du Grand Charles. Il se décida à l’aller trouver et se remit en route : « Les frais se multiplient. Heureusement, Mme de Combray est solvable. » Mandée à la mairie et retenue prisonnière durant quelques heures, la femme Normand, terrifiée, avoua avoir reçu chez elle Mme Aquet de Férolles et le gendarme Chauvel. Liquet apprit ainsi la culpabilité du brigadier ; mais il se garda bien de sévir contre lui. Déjà s’ébauchait en son esprit inventif un plan romanesque pour l’exécution duquel il était nécessaire que Chauvel restât en liberté et ne se doutât pas des soupçons qui planaient sur lui.

À dater de ce moment, l’activité, la clairvoyance, les inventions de Liquet prennent des proportions étourdissantes et tiennent du prodige. Si Réal le voyait à l’œuvre, il l’enrôlerait sur l’heure dans sa police secrète. Notre homme se rend à Caen, se fait connaître de M. Caffarelli auquel il exhibe ses pouvoirs et qu’il stupéfie par sa faconde. Il prend en main la direction des opérations de police qui doivent lui livrer Mme Aquet. Il écrit à Savoye-Rollin : « Je ne travaille pas pour la gloire, mais pour la police et Réal. Quant à moi, pauvre diable, je suis voué à une obscurité qui, je l’avoue, fait mon bonheur, depuis que j’ai reconnu l’inconvénient de la réputation. » Poursuivie et traquée par un agent