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Cependant, il dénonça Fierlé. Un mandat d’amener lancé contre celui-ci reçut son exécution à Rouen le 4 août.

Fierlé fut conduit à Falaise. Aux questions de M. Le Couturier, il répondit d’abord par des dénégations énergiques. Puis, confronté avec le Grand Charles qui le reconnut, et acculé à des aveux, il déclara qu’il ne parlerait que devant le préfet. À ce dernier, il raconta tout ce qu’il avait vu et tout ce qu’il savait. C’était assez pour fournir à l’accusation des armes redoutables. Mais c’était aussi trop grave pour que M. Caffarelli, étant donnée sa pusillanimité, osât prendre sur lui d’ordonner les mesures que commandaient de telles révélations. Envoyer la force armée à la poursuite de d’Aché, de M. de Godet, du général Antonio, passe encore. Mais la vénérable marquise de Combray, mais la baronne Aquet de Férolles, des femmes du monde, honorables et estimées, il ne pouvait s’y résoudre. Toute la noblesse normande aurait protesté. Il crut se tirer d’affaire en envoyant Fierlé à Paris.

Jouet débile aux mains du terrible Desmarets qui, par ordre de Fouché, le reçut, Fierlé fut encore plus clair et plus précis devant le conseiller d’État qu’il ne l’avait été devant le préfet. Soucieux déjà de se créer des titres à la commisération de ses juges, il enjoliva ses premiers récits, pleura, pria, prêcha misère. Desmarets lui donna vingt francs et le renvoya à Caen, où il jugeait que sa présence serait plus utile qu’à Paris. Dès ce moment, d’ailleurs, l’administration supérieure de la police était en état d’ordonner des mesures décisives. Coup sur coup, elle décidait l’arrestation de la marquise de Combray, du vicomte d’Aché, du chevalier de Godet, du général Antonio et de tous ceux contre lesquels s’élevaient des soupçons.