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refusé de le mettre en liberté, il l’envoya au Temple pour y être tenu au secret jusqu’à plus ample informé. Avant de lui infliger cette rigoureuse détention, il lui accorda d’embrasser son fils. Cette triste entrevue eut lieu en sa présence.


VI

En compagnie de Lefebvre, la marquise de Combray se dirigeait vers Tournebut. Ils voyageaient la nuit et restaient enfermés le jour dans les auberges de la route. Ils parvinrent au château et y entrèrent sans être vus, si ce n’est du marquis de Bonneuil, fils de la marquise, de son jardinier Chatel et de sa femme de chambre Catherine Kéré, qu’elle dut mettre l’un et l’autre dans le secret. Saisi de terreur en apprenant à quelles accusations la marquise s’était exposée, son fils s’enferma avec elle et Lefebvre sous les combles. Chatel et Catherine Kéré montaient la garde autour d’eux.

Ces mesures de prudence n’étaient que trop justifiées par l’imminence du péril. Quelques heures après ce retour, une nouvelle descente de police eut lieu. Chatel et Catherine interrogés ne trompèrent pas la confiance que méritait un vieux dévouement à leurs maîtres. Insensibles aux menaces, c’est en vain que la police les interrogea. Ils s’obstinèrent à répondre qu’ils garderaient le silence, se contentant d’affirmer qu’ils ne savaient où était la marquise. Arrêtés, mis au secret à Rouen pendant plusieurs semaines, ils ne furent relâchés que lorsqu’il eut été prouvé qu’il n’existait aucune charge contre eux.