Page:Daudet - La Police et les chouans sous le Consulat et l’Empire, 1895.djvu/227

Cette page n’a pas encore été corrigée

Que cette confiance eût été feinte ou réelle, il était pénible pour Fouché d’avoir à la détruire. Sans doute, l’attentat du Calvados ne constituait qu’un acte isolé. Mais il ressemblait trop à d’autres actes antérieurs pour n’être pas attribué aux auteurs de ceux-ci. L’Empereur ne manquerait pas d’exprimer son mécontentement aux fonctionnaires de l’Empire, à qui incombait en son absence le maintien de la sécurité publique et de suspecter leur habileté. On ne pouvait empêcher son irritation de se traduire en blâmes énergiques qu’en redoublant de zèle pour saisir les coupables.

Les ordres donnés aussitôt par Fouché s’inspirèrent de ces préoccupations. En apprenant l’attentat du 7 juin, il n’hésita pas à l’attribuer aux chouans. Il venait de constater qu’ils apparaissaient de nouveau dans le Morbihan. Il devait naturellement être disposé à soupçonner leur présence dans le Calvados.

Quant à Réal, son bras droit, il accusa sur-le-champ les individus qui, précédemment, avaient arrêté la diligence de Saint-Lô. La plupart d’entre eux, condamnés à mort par le tribunal criminel de l’Eure, avaient été exécutés. Mais d’autres s’étaient dérobés à la rigueur des lois, soit par la fuite, soit en prouvant la fausseté des preuves réunies par l’accusation. Parmi ceux-là, se trouvaient Le Chevallier et le général Antonio et même des sous-ordres, comme Harel et Lanoë. Depuis, leur présence avait été signalée en Normandie. Mais, au lieu de les surveiller, les autorités locales s’étaient endormies dans une sécurité profonde. « Pendant trois ans, est-il dit dans un rapport officiel écrit à propos des événements que nous racontons, elles ont fatigué la police générale de sollicitations multipliées dont le résultat a été, à différentes époques, la mise en liberté de Le Chevallier et de quelques autres que j’avais fait maintenir