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ou presque tous quelque méfait à leur actif. Tels étaient : un charpentier répondant au nom de Michel et surnommé Grand Charles ; un autre charpentier, Le Hericey, dit Gros Pierre, dit La Sagesse, deux cultivateurs de la Mancelière, Grenthe, dit Cœur de Roi, et Loret, et enfin Lebrec, dit La Chesnaie, dit Fleur d’Épine, jadis garde champêtre, maintenant vétérinaire, et maintes fois employé par d’Aché au transport des messages secrets qu’il échangeait avec les royalistes de la contrée.

À tous des sommes d’argent furent promises, proportionnées à ce que Le Chevallier et Antonio attendaient du zèle, du courage et de l’intelligence de chacun. Lebrec, dans lequel on se plaisait à saluer une réputation d’intrépidité supérieure à celle de ses compagnons, devait recevoir, après l’affaire, 24 napoléons. Il était, de beaucoup, le mieux payé. Au fur et à mesure qu’ils souscrivaient aux propositions qui leur étaient faites, on les cachait dans le voisinage en attendant qu’il fût possible de les réunir aux abords du théâtre choisi pour l’opération. À la fin du mois de mai, Antonio avait sa troupe au complet, éparpillée un peu partout, chez son beau-père Jacques Leroux, dit Bornet, ouvrier à Caen, chez Lemarchand et Chevalier, aubergistes, l’un à Louvigny, l’autre à Aubigny, et enfin, dans le grenier de la maison de Mme  Aquet de Férolles.

En ces divers endroits, celle-ci, à plusieurs reprises, alla visiter les recrues en compagnie d’Armand Le Chevallier, entraînant ainsi dans le complot, comme complices, ceux qui pour lui plaire leur donnaient asile. Ce fut d’ailleurs par dévouement pour elle, par amitié pour son amant, que d’autres encore s’engagèrent à apporter aux conjurés aide et secours. Le sieur Lefebvre, notaire et ami de Le Chevallier, résidant à Falaise, le docteur