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très sûr ». D’Aché allait partir pour Londres. Il mit Fierlé sous les ordres de Le Chevallier, afin que celui-ci pût en disposer au moment opportun. Puis il quitta Bonnai et se rendit chez les Montfiquet, dont l’habitation, située dans le voisinage de la mer, lui offrait un abri en attendant qu’il lui fût possible de s’embarquer. À dater de ce moment et pendant une période de deux années, on perd ses traces. Il ne nous a pas été possible d’établir s’il parvint à partir pour Londres sur-le-champ ou s’il erra sur la côte pendant un certain temps avant de pouvoir se faire transporter en Angleterre. Le mystère dont reste enveloppée son existence à cette époque a permis à ses biographes de le justifier de toute participation au crime qui fut commis en son absence. Mais s’il est certain qu’il ne concourut pas à l’exécution de ce crime, on ne saurait nier, en présence de tant de témoignages accablants, qu’il en avait suggéré ou tout au moins approuvé l’idée.

Après son départ, Armand Le Chevallier se mit en quête d’une occasion d’engager la partie. Il s’agissait, en étudiant les divers services des voitures publiques qui parcouraient le département, de décider quelles étaient celles dont le parcours se prêtait le mieux à une attaque à main armée. Il importait aussi de former une bande pour faire le coup. À eux seuls, Lanoë et Fierlé ne pouvaient suffire. Il leur fallait des compagnons et ce n’était pas mince besogne de leur en trouver auxquels on pût se confier sans s’exposer à être dénoncé par l’un d’eux.

Plusieurs mois s’étaient écoulés dans ces préoccupations et ces préparatifs. On approchait de l’été de 1807. Mme  Aquet de Férolles était maintenant hantée par un impérieux désir de voir se réaliser vite et bien les projets de Le Chevallier. Déjà, du reste, ces projets avaient