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Le Chevallier. Raison de plus pour Aquet de Férolles d’être désireux de prouver son zèle et la sincérité de sa soumission. Il eût été facile de l’utiliser pour surveiller sa femme, qu’il eût été heureux de trouver en faute, par elle-même ou par ses amis. Mais sous l’administration du préfet Caffarelli, la police locale s’était désorganisée. À vrai dire elle n’existait plus, et les conspirateurs purent agir sans éveiller de soupçons.

Ils durent aviser d’abord aux moyens de se procurer des fonds. Il ne semble pas que, dans ses entretiens avec eux, d’Aché ait laissé se trahir l’inquiétude en laquelle le jetait le mauvais vouloir des Anglais. Il est plus certain qu’il s’en tint devant ses complices à exprimer la surprise que lui causaient les retards apportés dans l’envoi du corps expéditionnaire. Il alléguait, en même temps, que ces retards ne pouvaient provenir que d’un malentendu. Ce malentendu, sa présence seule le dissiperait. Il annonçait la résolution de partir pour l’Angleterre.

– Quand je serai là-bas, disait-il, il faudra bien qu’on s’explique, qu’on m’apprenne pourquoi les trente mille hommes qu’on m’a promis et qui devaient, sous les ordres du Roi, agir en Normandie et en Bretagne, n’arrivent pas. Si l’on entend les refuser, on le dira, et dans ce cas nous nous en passerons. Je ramènerai Sa Majesté quand même ; avec Elle, tout marchera bien. Profitez de mon absence, mes amis, pour préparer partout le soulèvement. Désignez les chefs, enrôlez les déserteurs, tâchez de vous procurer des munitions et des armes, et pour les payer, organisez le pillage des deniers publics au moyen de bandes que vous aposterez sur le passage des diligences et des chariots qui transportent les recettes du Trésor.

Il ajoutait qu’Armand Le Chevallier devait utiliser les