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avez, sous son autorité, que sous celle de Bonaparte ? » L’imprudent chouan signait ainsi son crime.


III

L’événement s’était accompli les 23 et 24 août. Le gouvernement impérial en fut averti le 29, par un rapport du préfet Jullien à Champagny, ministre de l’Intérieur, et par une lettre de l’évêque à Portalis, ministre des Cultes. Le premier mouvement de l’Empereur fut un mouvement de colère, ainsi qu’en font foi les deux lettres suivantes qui figurent dans sa correspondance, sous la date du 31.

Il écrivait à Portalis : « J’ai lu avec peine l’événement de Vannes. La conduite du préfet dans cette circonstance est inconcevable. Quant à l’évêque, on me dit qu’il a renvoyé l’anneau que je lui avais donné et la décoration de la Légion d’honneur aux brigands qui l’ont arrêté. Je ne puis croire à une telle lâcheté. Toutefois, je désire que vous me fassiez un rapport là-dessus. L’évêque, comme un autre homme, devait savoir mourir plutôt que commettre une bassesse. J’attends le rapport que vous me ferez pour fixer mes idées. »

La lettre à Champagny s’inspirait des mêmes sentiments : « Témoignez mon extrême mécontentement au préfet du Morbihan de ce qu’il a compromis et déshonoré l’autorité. Il a donné là un exemple funeste et dont d’autres individus seront les victimes. Je n’avais pas le droit d’attendre d’un homme qui a servi dans les armées avec distinction un pareil oubli de ses devoirs et du premier intérêt de l’ordre public. Bien loin de relâcher les