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rixe éclata entre eux et divers consommateurs. Entraînés par leurs habitudes, les deux chouans n’hésitèrent pas à se servir de leurs armes. Ils tirèrent plusieurs coups de feu sans blesser personne. Mais ils avaient été reconnus. Ils furent arrêtés et conduits à Vannes où on les incarcéra. La Haye Saint-Hilaire en eut la nouvelle le lendemain. Il n’était pas homme à laisser ses compagnons en prison sans tenter de les délivrer. Les autorités du Morbihan s’attendaient à tout de la part du chouan. Aussi prirent-elles les dispositions les plus minutieuses pour mettre la maison de justice à l’abri d’un coup de main. Puis, après être restées durant un mois sans entendre parler de La Haye Saint-Hilaire, elles crurent qu’il avait renoncé à la lutte inégale et véritablement héroïque que, depuis si longtemps, il soutenait contre toutes les forces dont disposait le pouvoir dans le Morbihan. Mais elles se trompaient.

Le 23 août, à sept heures du matin, Mgr de Pancemont partait de Vannes, pour la paroisse de Monterblanc, distante de quatre lieues, où il devait le même jour donner la confirmation. Indépendamment du cocher, trois personnes l’accompagnaient : son grand vicaire l’abbé Allain, son secrétaire l’abbé Jarry, et un domestique le sieur Thetiot, qui suivait à cheval. Le trajet durait déjà depuis longtemps, lorsque vers neuf heures, sur la lande du Parc Carré, à environ trois quarts de lieue de Monterblanc, la voiture fut soudain cernée par cinq individus armés jusqu’aux dents, commandés par l’un d’eux, que Mgr de Pancemont reconnut aussitôt. C’était La Haye Saint-Hilaire.

Ayant obligé le cocher à arrêter ses chevaux, le chouan ouvrit violemment la portière et, sans prononcer une parole, mit sous les yeux de l’évêque un papier où étaient écrits ces mots : « Si les individus arrêtés dernièrement