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– Moi ! qu’importe. D’ailleurs, si vous êtes brave, il n’est pas dit que je périsse.

Ayant ensuite passé en Angleterre, il n’était revenu à Paris qu’en 1804, toujours avec Georges, aux côtés duquel il voulait être, quand ce dernier réaliserait son projet d’attaquer à main armée le premier Consul. Ce complot déjoué, Georges arrêté, La Haye Saint-Hilaire, bien qu’il eût à ses trousses la police de Fouché, s’était enfui. Elle le cherchait encore dans le quartier de Chaillot qu’il débarquait sain et sauf à Londres, prêt à repartir pour la Bretagne à la première occasion propice. Depuis cette époque, à diverses reprises, il y était apparu pour juger par lui-même de l’état des choses, entretenir ses relations avec les royalistes et peut-être encore pour revoir sa famille.

De tels voyages ne pouvaient s’effectuer qu’au prix de mille périls, qu’aggravait la surveillance exercée sur les côtes. Ce n’étaient cependant que jeux d’enfant pour La Haye Saint-Hilaire et ses pareils. Les points de débarquement s’étendaient depuis le cap de la Hogue, à l’ouest de Cherbourg, jusqu’à l’île de Bréhat, au nord-est de Paimpol. Un navire anglais transportait les émissaires royalistes en vue du rivage. Là, ils se jetaient dans une barque et venaient aborder à la pointe des terres habitées, quand il n’y avait pas de lune, ou, si la lune éclairait la plage, sur des rochers qui s’avancent dans la mer, et qu’à marée basse, elle découvre.

Lorsqu’il n’était pas en Bretagne, La Haye Saint-Hilaire résidait à Londres, parmi les émigrés qui formaient la cour des princes français. À la recommandation du comte d’Artois, il recevait du gouvernement anglais une pension mensuelle de quinze livres sterling. Ses services passés, ceux qu’on attendait encore de sa vaillance lui méritaient cette libéralité. De même, ils lui