Page:Daudet - La Police et les chouans sous le Consulat et l’Empire, 1895.djvu/177

Cette page n’a pas encore été corrigée



L’ENLÈVEMENT DE L’ÉVÊQUE DE VANNES

I

Depuis la levée du camp de Boulogne, qui avait eu lieu pendant l’été de 1805, les royalistes bretons étaient convaincus de la possibilité de renverser l’Empereur. Les rigueurs déployées pour les réduire à l’impuissance, l’exécution de Guillemot dit « le roi de Bignan », complice de Georges et héritier de sa popularité[1], les vides opérés dans leurs rangs par des sentences inexorables, le visible découragement d’un grand nombre d’entre eux, enfin la surveillance à laquelle ils étaient soumis n’ébranlaient ni le courage ni la confiance de leurs chefs. Ils conservaient encore autant d’illusions qu’aux jours déjà lointains où, en apprenant le débarquement de Georges à la falaise de Biville, ils croyaient à un triomphe prochain. L’illustre chouan n’était plus là pour les réunir et les commander. Mais, à défaut de lui, à défaut de Guillemot, ils avaient Raoul de La Haye

  1. Exécuté à Vannes, le 4 janvier 1805. Il avait fait, avec Georges, les campagnes de la chouannerie. Livré par un de ses amis, il fut arrêté au moment où il tentait de s’enfuir pour passer en Angleterre. Gravement blessé au moment de son arrestation, on dut le porter au Conseil de guerre et sur le lieu du supplice.