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que la police était friande. Un événement imprévu lui en apprit plus long.

En 1808, l’escadre de l’amiral Lallemand captura un navire anglais, The Bristol Packet, en route pour Londres. Parmi les papiers saisis, on trouva diverses lettres adressées d’Espagne à un sieur Coriol, dont la lecture révéla que Coriol et Céris n’étaient qu’un seul et même personnage, et confirma tous les faits de la conspiration de 1804. Réfugié à Londres, Céris continuait à conspirer. On crut même un moment avoir découvert la piste de ses intrigues. Le percepteur de Fournois (Charente-Inférieure), nommé d’Anglars, fut arrêté. On l’accusait d’avoir pratiqué l’embauchage et reçu de Céris des fonds pour payer les volontaires qu’il enrôlait, en vue d’un soulèvement. Mais il se justifia en prouvant qu’il n’avait jamais eu de relations avec ce rebelle.

Il semble d’ailleurs qu’à cette occasion la police entendit parler de celui-ci pour la dernière fois. Dans les innombrables dossiers que j’ai compulsés, je n’ai pu retrouver son nom, si ce n’est à la date du 10 septembre 1814. À cette époque, les papiers saisis à bord du Bristol Packet furent retirés du ministère de la Police, on ne sait par qui. Cette circonstance permet d’expliquer les nombreuses lacunes que présentent les dossiers des pièces relatives à l’agence anglaise de Bordeaux.