Page:Daudet - La Police et les chouans sous le Consulat et l’Empire, 1895.djvu/168

Cette page n’a pas encore été corrigée

ci quand il venait dans la capitale, – il obtint l’annulation des ordres qui le concernaient. Pour prix de la clémence dont il bénéficiait, il promit son dévouement au premier Consul. Assuré de sa protection, il revint à Bordeaux. Il ne tarda pas à y conspirer de nouveau. Il s’était engagé à fournir à la police des renseignements sur les royalistes de la Guyenne. Il profita de la liberté que lui donnait ce rôle pour devenir l’agent des princes et des émigrés.

C’est lui qui reçut, à leur arrivée à Bordeaux, Forestier et Céris, les présenta aux hommes influents du parti et leur trouva chez Acquard-Vreilhac l’asile où ils demeurèrent pendant plusieurs mois. Avec eux, avec Turpault, Bertrand-Saint-Hubert, Daniaud-Duperrat, un sieur Couvreur sur lequel les renseignements manquent et un sieur Duchesne-Chénier, ancien chouan venu de Madrid avec Forestier, il parcourut à plusieurs reprises le Bocage, prêchant la révolte et hâtant l’exécution des projets de l’agence anglaise. Tous ces conspirateurs furent dénoncés par Daniaud-Duperrat. Il compléta ses révélations en désignant un sieur Alexis Pagès comme habituellement chargé de leur fournir chevaux et voitures et de transporter leurs correspondances.

En quelques entretiens avec la police, il en dit si long qu’elle en sut bientôt autant que lui. Les interrogatoires subséquents de l’abbé Jacqueneau et de Gogué complétèrent ces dénonciations. Elle put alors se convaincre qu’elle surprenait le complot en cours de préparation, avant qu’il eût reçu son organisation définitive et commencé à produire des effets. En peu de jours, Michel Cesbron, Jean-Baptiste Roger, Alexis Pagès allèrent rejoindre dans les prisons de Nantes les divers inculpés qui venaient d’y rentrer après avoir fait un assez long séjour dans celles de Paris. Mais ce n’étaient là que des