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Céris, rentré secrètement en France et caché depuis six mois chez l’un de ces négociants, Acquard-Vreilhac. Les autres personnes qui avaient reçu et escompté des traites étaient Pitard-Laclotte, Michel Cesbron, Jean-Baptiste Roger de la maison Marie Brizard et Roger, et un agent de change bordelais nommé La Plène.

Les révélations de Daniaud-Duperrat n’alarmèrent pas outre mesure la police. Elle n’y vit qu’une preuve nouvelle des procédés à l’aide desquels l’Angleterre excitait les illusions des émigrés. Prodigue de promesses, mais résolue à ne pas les réaliser, celle-ci ne les tenait que dans la mesure nécessaire pour alimenter les ferments d’agitation sur les côtes de l’Océan, de Bordeaux à Brest. Partout, depuis la rupture de la paix d’Amiens, comme antérieurement à cette paix, l’intervention des Anglais dans nos affaires intérieures revêtait ce même caractère. Il n’y avait donc pas à se troubler en la retrouvant une fois de plus, en sa forme ordinaire, à Bordeaux et à Nantes.

Ce qui semblait plus grave, c’est qu’il y eût encore des gens assez crédules pour ajouter foi à ces promesses fallacieuses, ou assez fanatiques pour les exploiter et en tirer le prétexte d’insurrections. C’est ce mal qu’il fallait couper dans sa racine. Puisque, si peu de temps après l’exécution de Georges, les émigrés et les chouans, sans se laisser intimider par cet exemple, relevaient la tête, le gouvernement impérial était contraint de traiter avec la dernière rigueur la révolte renaissante. Pour faire comprendre quelles circonstances l’y contraignaient, il importe d’indiquer brièvement ce qu’était le personnel d’insurgés qu’il surprenait, la main dans de nouveaux complots, et d’esquisser la physionomie de quelques-uns des hommes qui le composaient.

En première ligne se trouvaient Henri Forestier et le