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existait plusieurs autres en divers endroits. Légalement, ces dépôts n’offraient rien de délictueux. Mais la participation de Gogué aux circonstances en lesquelles ils avaient été faits les rendait suspects. Gogué était mal noté dans les bureaux de Fouché. On ne croyait pas à la sincérité de sa soumission. Son nom, découvert dans une affaire jugée louche dès le premier moment, ne pouvait qu’aggraver les soupçons qu’avaient éveillés les avis de la police de Nantes.

Le sous-préfet de Montaigu, stylé par son chef hiérarchique le préfet de la Vendée, n’ignorait rien de ces choses. Aussi s’efforça-t-il de tirer de l’abbé Jacqueneau plus que celui-ci ne voulait dire. Il n’en put rien obtenir qui fût compromettant pour Gogué. L’abbé Jacqueneau avoua seulement que les plombs lui avaient été expédiés sur l’ordre du médecin par un horloger de Nantes nommé Merland. On s’enquit aussitôt de ce dernier. Ses notes n’étaient pas meilleures que celles de Gogué. Il fut établi qu’on avait vu en sa possession peu de jours avant de l’or anglais. On découvrit chez lui un moule à balles et un modèle de roues d’artillerie. Mais il refusa d’expliquer à quel usage il destinait ces objets et l’emploi qu’il comptait en faire. S’il déclara avoir eu des rapports avec Turpault, s’il reconnut avoir vendu de concert avec lui des plombs à Gogué, c’est que la vérification de ses livres ne lui permit pas de le nier. On l’arrêta préventivement, ainsi que Turpault, en attendant que la vérité se fît jour en ce qui les concernait.

On en revint ensuite à l’abbé Jacqueneau, avec l’espoir de lui en faire conter plus long. Mais ce desservant de village, ancien aumônier des armées vendéennes, était passé maître en l’art de ruser. Il égara si bien le sous-préfet de Montaigu que celui-ci, ne pouvant élucider