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garde contre les fouilles, les espions et notez les dénonciateurs. Tout va bien. » Ce billet n’a d’autre adresse que celle-ci : « À La Volonté. » C’était le sobriquet donné à François Le Cat.

Georges Cadoudal était en ce moment en Bretagne, cherchant à gagner l’Angleterre et, en attendant de pouvoir partir, à se défendre contre les ténébreuses entreprises de la police. Il avait avec lui ses principaux lieutenants : De Bar, Guillemot dit le roi de Bignan, La Haye Saint-Hilaire. Quand on a pu constater quels sentiments d’ardente haine ces hommes violents nourrissaient contre les pouvoirs publics, il est bien difficile d’admettre qu’ils demeurèrent étrangers à la rédaction de ces ordres et par conséquent aux criminels excès qui les suivirent. Ces excès furent innombrables. On ne saurait les énumérer. Mais il suffira d’en citer deux pour donner une idée des autres.

Les chouans de Le Cat conduits par leur jeune chef se présentent un soir, vers minuit, chez le notaire de Saint-Thois, un sieur Jacques Robin, connu par ses opinions révolutionnaires. Par la ruse, en prenant de fausses qualités, ils se font ouvrir. À l’aspect de gens armés, Robin recule. L’un d’eux court sur lui et, le menaçant de son pistolet :

– Monsieur, vous êtes un gueux, lui dit-il, un coquin ; il nous faut mille écus et nous les compter sur-le-champ ou la mort.

La maison est envahie. Les armoires et buffets sont fouillés. Le capitaine de la bande, petit de taille et qu’on appelait Monsieur, trouve dans une armoire vingt-sept francs dont il se saisit. On fait subir à Robin toutes les angoisses de la mort. On l’oblige à se mettre à genoux, puis à se retourner comme pour le fusiller par derrière.