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d’arrêt contre Lacaille, Jacquet et Guéry, ce dernier garçon charcutier. On leur reprochait d’être les amis du médecin Leménager. Un ancien dragon, nommé Mandat, fut recherché parce que, comme l’un des individus soupçonnés, il avait une blessure à la main. Un sieur Dubois-Papon était borgne. Son infirmité faillit lui être fatale. On se souvient qu’un borgne avait été vu parmi les bandits par le maire de Veretz. Pour moins encore, un jeune propriétaire des environs de Blois se trouva compromis. La veille du crime, il était à Tours. Il y avait acheté une selle anglaise. Puis, invité à aller au théâtre, il avait refusé, en alléguant qu’on l’attendait à Loches. Il était parti en emportant sa selle.

Bientôt, d’ailleurs, ces divers incidents furent tirés au clair. La police ne retint que les inculpés contre lesquels se dressaient des charges positives. Dans le courant de février, ils étaient ramenés à Tours, où l’instruction se poursuivit sans désemparer. À l’exception des époux Lacroix et de leur fermier Jourgeron, tous les accusés persistaient à se dire innocents, Gaudin, lui-même, bien qu’il eût contre lui son passé et une condamnation à mort. MM. de Canchy et de Mauduisson invoquaient un alibi. Le premier alléguait que, le soir du crime, il avait dîné chez le maire de Veretz. À l’appui de cette allégation, il produisait onze témoins. Le second en produisait six, attestant sa présence à une grande distance du théâtre de l’événement. Mais à ces dires, l’instruction opposait d’autres témoignages, parmi lesquels ceux des Lacroix et des Jourgeron. À Mauduisson, elle présentait son nom inscrit de sa main sur le registre d’un logeur. Il objectait, de son côté, que ce n’était point là son écriture. Des experts désignés pour en décider ne parvenaient pas à se mettre d’accord. Aubereau affirmait qu’à l’heure du crime il était malade et alité. Mme  Bruley