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Fouché répandirent que ravisseurs et libérateurs ne faisaient qu’un. Il est au moins certain qu’ils se connaissaient. Guillot de La Poterie déclara que c’est à lui qu’avait été faite d’abord la proposition d’enlever le sénateur. Mais il refusa de dire par qui. Le rôle de Robert Couteau paraît plus étrange encore. La police le soupçonnait d’avoir pris part à l’enlèvement. On l’avait vu à Blois le jour où Mme Clément de Ris devait y apporter les 50,000 francs. Il était venu la demander à l’hôtel des Trois-Marchands.

Il n’y a rien dans les pièces officielles qui puisse résoudre ces énigmes. Il faut donc en revenir à la version de Fouché, et admettre que, désireux de sauver les jours de M. Clément de Ris, ou peut-être même de démontrer au premier Consul son savoir-faire, il recourut aux offices de Bourmont, dont il savait l’influence sur le personnel des chouans toute-puissante. À son tour, celui-ci aurait fait comprendre aux auteurs du rapt qu’il serait contraire aux intérêts du parti d’exaspérer Bonaparte en consommant leur crime, et ceux-ci, d’accord avec lui, auraient organisé la comédie de la délivrance, afin de tromper l’opinion publique. À quelque point de vue qu’on se place et sous quelque forme qu’on regarde à l’événement, il est impossible de lui donner raisonnablement une autre solution.

Quant au rôle prêté à Fouché et qu’il aurait pris pour effacer les traces de sa participation à un complot contre le premier Consul, il n’apparaît que dans des dires sans consistance. S’il est vrai que les documents ne présentent rien qui le démente ou le confirme, il est tout aussi certain qu’il a contre lui la vraisemblance. À supposer même que le ministre de la Police eût conspiré, on ne voit pas quel parti il pouvait tirer après coup d’un attentat contre M. Clément de Ris. Si cet attentat