Page:Daudet - La Police et les chouans sous le Consulat et l’Empire, 1895.djvu/124

Cette page n’a pas encore été corrigée

Le récit qu’on vient de lire et qui n’est qu’un résumé de la déposition que reçut, dès le premier moment, le lieutenant Paultron, peut être considéré comme définitif. Il fut fait quand les souvenirs du sénateur étaient encore frais et vivaces. L’instruction judiciaire le confirma en tous ses détails. Il en résulte avec évidence que cette criminelle entreprise n’avait eu pour mobile que le vol. Par malheur, il ne disait ni quels en étaient les organisateurs, ni en quel lieu leur victime avait été séquestrée. Le mystère en demeurait impénétrable. D’ailleurs, en cette affaire, tout est ténébreux. Les libérateurs de M. Clément de Ris appartenaient tous au parti royaliste. Quoique amnistiés après la pacification de la Vendée, on les tenait pour capables de coups de main ; on les avait toujours trouvés prêts à se jeter dans des insurrections nouvelles. Arthur Guillot de La Poterie avait commandé une division dans l’armée du Maine. C’était un partisan exalté dont, en 1814, la Restauration devait reconnaître les services en le créant baron et chevalier de Saint-Louis. Carlos Sourdat, frère de celui qui voulut défendre Louis XVI devant la Convention, était l’aide de camp de Bourmont, dont il suivit la fortune. Il reçut, plus tard, de Louis XVIII, avec le grade de lieutenant-colonel, le prix de son long dévouement. Un royaliste aussi, l’ancien émigré Charles-Marie d’Irumberry, comte de Salaberry, célèbre en 1815 comme un des membres les plus actifs de la Chambre introuvable. Il avait servi dans l’armée de Condé et commandé plus tard la cavalerie vendéenne. Robert Couteau était un personnage de même trempe.

Il n’y a donc pas à se tromper sur la qualité des libérateurs de M. Clément de Ris. C’étaient d’anciens chouans. Mais anciens chouans aussi ses ravisseurs, de telle sorte qu’en apprenant sa délivrance les ennemis de