Page:Daudet - La Police et les chouans sous le Consulat et l’Empire, 1895.djvu/119

Cette page n’a pas encore été corrigée

le ministre de la Police pour hâter la délivrance de M. Clément de Ris. À l’appui de leurs dires, ils montraient un ordre du ministre attestant la réalité de leur mission, ainsi qu’une lettre de ce dernier, en date du 15 vendémiaire – 8 octobre – adressée au sénateur captif et ainsi conçue :

« Je suis parvenu, citoyen sénateur, à découvrir le lieu où vous ont déposé les brigands qui se sont saisis de votre personne. J’envoie donc pour vous délivrer des hommes sûrs et braves. Ils auront le courage d’attaquer ces brigands, de vous arracher de leurs mains et vous remettront à votre épouse. Ayez confiance en eux et abandonnez-vous aux soins qu’ils prendront pour votre sûreté. Dès que vous serez libre et que vous aurez revu votre famille, rendez-vous à Paris et apportez-moi sur votre captivité tous les renseignements que vous pourrez me fournir. – Fouché. »

Dans cette lettre, Fouché se vantait. Au moment où il l’avait écrite, il ignorait en quel endroit était détenu Clément de Ris. Mais, comme elle devait être remise à ce dernier quand on l’aurait retrouvé, il pouvait, sans craindre un démenti, s’attribuer le mérite d’avoir découvert sa prison.

Quant à l’ordre remis à ses agents, en voici la teneur :

« Le ministre de la Police charge le citoyen X… de se rendre à Tours pour y découvrir les brigands qui ont enlevé le sénateur Clément de Ris. Lorsqu’il sera parvenu à les découvrir, il est autorisé à les faire arrêter et à les faire conduire dans les prisons de Tours. Lorsqu’il aura délivré le sénateur Clément de Ris, il le conduira à son épouse et les invitera à se rendre sans délai à Paris pour y donner tous les renseignements nécessaires au ministre de la Police. Il leur recommandera le silence le plus absolu sur la nature de ces renseignements. Les