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pour en prendre livraison. Mais, en apercevant l’énorme masse que formait leur entassement sur les coussins, il eut peur, s’éloigna et disparut après avoir jeté ces mots à Mme Clément de Ris.

– Rien à faire aujourd’hui. Allez-vous-en. On vous écrira.

Tout cela s’était passé si vite que les gendarmes déguisés qu’on avait apostés de divers côtés n’y virent rien et n’arrêtèrent personne, bien que divers individus suspects leur eussent été signalés. Mme Clément de Ris était au désespoir. Il y avait déjà dix jours que son mari était enlevé. C’est en vain qu’on battait en tous sens la forêt de Loches, qu’on cherchait un caveau ayant trois marches, qu’on fouillait le sol, qu’on opérait un peu partout des perquisitions. On n’avait trouvé que le chapeau de M. Clément de Ris à l’entrée de la forêt. Mais ce témoin muet de son enlèvement ne révélait pas ses traces.

Savary dut rentrer à Paris sans avoir rien découvert que la police de Fouché n’eût pu découvrir, ni relevé aucun fait justificatif des allégations malveillantes qui s’étaient produites contre le ministre. Celui-ci cependant ne se décourageait pas. Il ordonnait des recherches plus actives, et cette fois elles eurent de meilleurs résultats. Non loin du château de l’Ébeaupinais, propriété d’un sieur Lacroix, les gendarmes ramassèrent un poignard et un pistolet. Une enquête fut aussitôt ouverte sur la conduite et les opinions de ce Lacroix, gendre du docteur Droulin, très connu dans le pays. Elle établit qu’après s’être signalé, pendant la Terreur, par l’exaltation de son jacobinisme, Lacroix s’était ensuite jeté avec une égale ardeur dans le parti royaliste. Cette circonstance fortifia les soupçons qu’avait éveillés la découverte d’armes aux abords de sa demeure. Ils furent