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docteur Petit, tandis que le postillon revenait vers Tours. À partir de ce moment, on perd les traces de la bande. »

En transmettant à Fouché ces notes rédigées en partie d’après les dires du postillon, Radet écrivait assez naïvement : « Je donne l’ordre aux officiers des résidences qui avoisinent le lieu de l’enlèvement de réunir leurs efforts pour découvrir ces malveillants et de prendre des mesures tellement promptes et si bien combinées que l’on soit bientôt maître de leurs personnes. » Quant au préfet, plus prévoyant et moins prompt à croire à la découverte des coupables, il envisageait par avance les difficultés qu’elle présentait, non qu’il jugeât impossible de retrouver les traces des auteurs de ce rapt audacieux, mais parce qu’il considérait comme susceptible de mettre en péril la vie de M. Clément de Ris l’emploi des moyens à l’aide desquels on pouvait les retrouver. N’était-il pas à redouter, en effet, que si l’on courait sus aux brigands avant que le prisonnier eût été tiré de leurs mains, ils ne se vengeassent sur lui de leur déconvenue ?

Il fallait donc tenir compte à la fois et de ce qu’exigeait la vindicte des lois outragées et de ce que commandait la sûreté du sénateur. On ne pouvait déployer en cette affaire, disait le préfet, trop de tact, de circonspection, de prudence. Il importait surtout de n’ouvrir officiellement l’instruction judiciaire que lorsque M. Clément de Ris aurait été rendu à la liberté.


II

Fouché ne s’y trompa point. Il accusa les chouans, convaincu que c’étaient eux qui avaient fait le coup.