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ne se bat pas avec un pareil misérable… Ah ! si nous étions seuls… si je pouvais vous dire… » Il y avait dans l’énervement de sa voix et de ses mains un transport dont Paul Astier s’étonna. Au bout d’un mois, il espérait la trouver plus résignée. Ce fut une déception, qui lui coupa un irrésistible : « Je vous aime… Je vous ai toujours aimée… » préparé pour les premières explications de l’arrivée. Il se contentait de lui raconter le duel dont elle semblait très curieuse, quand l’académicien rapporta l’éventail. « Bon zèbre, Danjou… » dit-elle en remerciement. L’autre eut un petit tournement de bouche, et sur le même ton, à mi-voix : « Oui… mais promesse d’avancement… sans quoi…

— Des exigences, déjà ! » Elle le corrigeait d’un léger coup d’éventail, et, le voulant de bonne humeur pour sa lecture, revint à son bras dans le salon où le manuscrit s’étalait à même une coquette table à jeu dans le jour direct d’une haute fenêtre, entr’ouverte sur les verdures fleuries, les grandes masses boisées du parc.

« Les Apparences… pièce en trois actes… personnages… »

Toutes les femmes en cercle, le plus près possible, eurent ce joli pelotonnement frileux, ce frisson que leur donne l’attente du plaisir. Danjou lisait en vrai cabotin de Picheral, prenait des temps