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toujours avec le regard hésitant, le sourire faux et pénible de leur dernière rencontre. Mais même dans son patois corse de l’île-Rousse, la patricienne ne savait pas de ces vilenies et quand elle avait bien crié : « Lâche !… Lâche !… Canaille !… » sa belle bouche se tordait de rage impuissante.

Le soir, après son repas solitaire dans l’immense salle tendue de vieux cuirs que dorait le soleil mourant, la course de fauve recommençait. C’était dans la galerie à pic sur le fleuve, si curieusement restaurée par Paul Astier avec la dentelle ajourée de ses arcades et ses deux jolies tourelles en encorbellement. En bas, la Loire étalée comme un lac gardait du jour tombé un pâlissement d’argent fin où s’espaçaient, vers Chaumont, les saulaies, les îlots de sable du fleuve lent, à la molle atmosphère ; mais elle ne regardait pas le paysage,