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démiciens, je marque ceux que je sais à moi, ceux qui tiennent pour Dalzon. Je soustrais, j’additionne, c’est un divertissement exquis. Tu verras, je te montrerai. Ainsi que je te disais, Dalzon a les ducs ; mais l’auteur de la Maison d’Orléans, admis à Chantilly, doit m’y présenter avant peu. Si je plais, — j’apprends par cœur dans ce but une certaine bataille de Rocroy, tu vois que ton frère acquiert de l’astuce, — donc si je plais, l’auteur de Toute Nue, à Éropolis, perd son plus sûr appui. Quant à mes opinions, je ne les renie pas. Républicain, oui ; mais on va trop loin. Et puis, candidat avant tout. Sitôt après ce petit voyage, je compte bien retourner près de ma Germaine que je supplie de ne pas s’énerver, de songer à la joie du grand jour. Va, ma chère sœur, nous y entrerons dans le « jardin de l’oie, » comme dit ce bohémien de Védrino, mais il faut du courage et de la patience.

Ton frère qui t’aime,
Abel de Freydet.

Je rouvre ma lettre : les journaux du matin m’apprennent la mort de Loisillon. Ces coups du destin vous émeuvent, même quand ils sont attendus et prévus. Quel deuil, quelle perte pour les lettres françaises !