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plutôt l’alliance de deux grands noms qui se préparait, de deux titres semblables… Herbert lui-même, s’il la voyait de là-haut, ne pouvait qu’être satisfait.

« C’est vrai, qu’il comprenait tout, pauvre ami !… » soupira Colette de Rosen, née Sauvadon, à qui l’ambassade tenait à cœur et, surtout, son titre de princesse.

« Tenez, ma petite, voulez-vous un bon conseil… filez, sauvez-vous… Samy partira dans huit jours… ne l’attendez pas, prenez Lavaux, il connaît Pétersbourg, vous installera en attendant… Sans compter que vous vous épargnerez ainsi quelque scène pénible avec la duchesse. Ces Corses, vous savez, il faut s’attendre à tout.

— Oui, partir… peut-être… » Mme de Rosen y voyait surtout l’avantage d’échapper à de nouvelles obsessions, d’éloigner la chose de là-bas, son égarement d’une minute.

« Le tombeau ?… ajouta Mme Astier devant son hésitation… C’est le tombeau qui vous inquiète ?… Mais Paul le finira bien sans vous… Allons, ne pleurez plus, mignonne, l’arrosage vous va, mais vous moisiriez, à la fin. » Et s’en allant, dans le jour qui tombait, attendre l’omnibus du Roule, la bonne dame soupirait : « Ouf !… d’Athis ne saura jamais ce que son mariage me coûte ! » Alors le sentiment de sa fatigue, le besoin qu’elle aurait eu