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thica !… » Belles et sympathiques, toutes les parisiennes lui semblent ainsi. Ah ! s’il n’était pas obligé de reprendre son service… Et mis en verve par les vins de France, il raconte sa vie aux gardes-nobles, les bonis du métier, l’espoir qu’ils ont tous en entrant là de faire un beau mariage, de conquérir, un jour d’audience pontificale, quelque riche anglaise catholique, ou la fanatique espagnole venue de l’Amérique du sud pour apporter son offrande au Vatican. « L’ouniforme est zouli, comprenez ; et pouis les enfortounes del Saint-Père cela nous donne à nous autres ses soldats oun prestigio roumanesque, cevaleresque, qualque sose qui plaît aux dames zénéralementé. »

C’est vrai qu’avec sa jeune tête virile, ses broderies d’or doucement brillantes sous la lune, son collant de peau blanche, il rappelle les héros de l’Arioste ou du Tasse.

« Eh bien ! mon cher Peppino, dit le gros Lavaux de son ton raillard et mauvais chien, la belle affaire que vous cherchez, vous l’avez tout près d’ici, sous la main…

Comé !… sous la main !… »

Paul Astier tressaille et tend l’oreille. Dès qu’on parle d’un riche mariage, il croit qu’on veut lui souffler le sien.

« La duchesse, parbleu !… Le vieux Padovani est à sa dernière attaque…