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l’hiver, des socques, un bon fichu de laine. Éline, rentrant de ses leçons au dehors, la prenait une heure tous les soirs et s’occupait de l’instruire un peu. Livrée depuis longtemps à l’unique compagnie d’une servante, l’enfant avait l’esprit exclusivement meublé des fantaisies de la mère L’Oie, et sur son petit être distingué des façons de commère, un patois de tournure et d’accent, comme chez les petits restés trop longtemps en nourrice. Éline, laissant à sa mère les soins matériels, cherchait surtout à dégager Fanny des gros cotillons de sa bonne, à la remettre à son rang de petite demoiselle, sans blesser pourtant les susceptibilités de l’aimante et farouche Sylvanire.

Cette Lina, à quoi n’aurait-elle pas réussi, par la magie de sa grâce et de sa douceur ? Elle n’eut qu’un mot à dire chez la baronne Gerspach, où Chemineau était reçu ; et, tout de suite, il y eut une place vacante pour Lorie dans les bureaux de M. le directeur inaccessibles jusqu’alors. Deux cents francs par mois, moins la retenue. On pouvait espérer mieux ; mais enfin c’était un premier pas, la rentrée dans cette administration dont l’exil le tuait. Oh ! la joie de