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Tiens, elle est en bas dans ma voiture… Elle n’osait pas monter, croyant que tu avais du monde ; mais si tu veux…

– Non, non, je t’en prie… » fit Déborah épouvantée… « le baron m’a bien défendu de me mêler de cette affaire…

– Le baron ?… Et pourquoi ?… Moi qui justement comptais sur toi, sur ton salon, ce Chemineau qui est toujours chez vous.

– Non, ma petite, je t’en supplie… Tu ne sais pas ce que c’est, dans la banque, d’avoir Autheman contre soi… On serait brisé comme verre… mais toi-même, ton mari… Le voilà député maintenant… Ça obtient tout ce que ça veut, un député de l’opposition.

– Je ne peux rien demander à mon mari… » dit la comtesse en se levant. Déborah la retint seulement pour la forme ; car la faible créature avait peur d’un débat où elle se sentait vaincue d’avance, et craignait surtout qu’on ne vît Mme Ebsen chez elle, dans sa cour.

« Je regrette bien, je t’assure… pour toi, pour cette pauvre femme… tu reviendras me voir, dis ?… Adieu, ma belle… Et ne pas pouvoir s’embrasser. »