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lieu de te demander de tes nouvelles… Si longtemps qu’on ne s’est vu !… Je te trouve coulée… Es-tu un peu plus heureuse ?

– Non… » dit Mme d’Arlot simplement.

« Ton même chagrin, toujours ?…

– Toujours.

– Oh ! je comprends ça, pauvre chérie… Si pareille chose m’était arrivée… je ne dis pas avec le baron, parce que le baron… Mais enfin quelqu’un que j’aurais aimé… Oh ! Dieu… » Sa petite glace bien droite, elle effaçait du bout de la patte de lièvre la trace de ses larmes. « Heureusement, toi, tu as ta religion pour te consoler…

– Oui, ma religion… » dit la comtesse toujours de sa voix morne.

« Est-ce vrai ce que Paule de Lostande racontait l’autre jour que ta belle-mère venait de te donner deux cent mille francs pour une fondation d’orphelinat ?…

– Ma belle-mère est très bonne avec moi… »

Elle ne disait pas que ces générosités vraiment royales, à l’aide desquelles la vieille marquise croyait effacer les torts de son fils, avivaient chaque fois le mal qu’elle voulait guérir.