Page:Daudet - L'Évangéliste, 1883.djvu/271

Cette page n’a pas encore été corrigée

de police, la mère Damour restait inébranlable. « Ren à faire… Du monde trop riche… » Aussi ne la laissa-t-on plus entrer. Mme Ebsen allait mieux d’ailleurs, se levait, faisait quelques pas sur la berge, et partait au bout de la huitaine, dévorée du désir de commencer ses démarches.

*

Sylvanire ne se trompait pas. Éline était en surveillance à la Retraite, où Mme Autheman la préparait à sa mission, isolée de toute influence et du danger des liens terrestres. On ne la laissait jamais seule, inoccupée un instant. Après la théologie de J.-B. Crouzat et les conférences de Jeanne, venaient les chants religieux, méditations, prières en commun et à haute voix ; entre temps, quelques promenades au bras d’Anne de Beuil ou de Chalmette dont la parole ardente l’exaltait.

Le plus souvent on se promenait sous la vérandah, à cause des pluies d’automne qui baignaient les feuillages rouillés, déjà plus clairs, et faisaient s’envelopper de leurs grands waterproofs de voyage les cinq ou six ouvrières de la Retraite dont les silhouettes empaquetées et noires mêlaient