Page:Daudet - L'Évangéliste, 1883.djvu/252

Cette page n’a pas encore été corrigée

Devant les hautes fenêtres entr’ouvertes de l’école des filles, Mme Ebsen s’arrêta pour écouter un tumulte de petites voix, qui récitaient en mesure, sans respirer : Qui-est-é-gal-à-l’É-ter-nel-dans-le-ciel-Qui-est-sem-bla-ble-à-l’É-ter-nel-en-tre-les-forts…, et des coups de règle sur une table activant ou ralentissant la lecture.

Si elle entrait !

C’est là qu’Éline donnait ses leçons. Peut-être lui dirait-on quelque chose… Qui sait même si elle n’allait pas la trouver installée, faisant la classe, tout simplement… La porte poussée, entre quatre murs blancs chargés de versets, elle vit, affaissées devant des tables à pupitres, de longues rangées de blouses noires et de petits béguins noirs serrés autour de têtes hâlées de campagnardes. Au fond, une grande fille, blême et bouffie, présidait, la Bible d’une main, sa longue règle de l’autre, et s’avança en voyant entrer Mme Ebsen, l’exercice interrompu, toutes ces jeunes têtes levées curieusement.

« Par grâce, Mademoiselle… Je suis la maman d’Éline…

– Continuez !… » cria aux enfants, aussi fort que le pouvait sa voix humble, Mlle Hammer