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petit salon vert où Mme Autheman écrivait, la taille droite, à son bureau. Cette figure connue, ce sourire imposant et doux, détendirent sa colère.

« Oh ! Madame, Madame… Lina… Cette lettre… Qu’est-ce que ça veut dire, tout ça ?… »

Et elle partit en sanglots convulsifs, secouant et affaissant sa grosse personne lamentable. Mme Autheman crut qu’elle aurait facilement raison de cette faiblesse en larmes, et doucement, avec onction, assise sur le même divan : « Voyons, il ne fallait pas se désoler ainsi, mais se réjouir au contraire et glorifier le Seigneur, qui daignait éclairer son enfant, retirer son âme du noir sépulcre… » Ce pansement mystique sur le cœur à vif et plus humain que jamais produisit l’effet d’une brûlure… La mère se dégagea, se leva, les yeux secs :

« Des phrases, tout ça… Mon enfant !… Je la veux…

– Éline n’est plus ici… » fit Mme Autheman avec un soupir attristé devant cette révolte sacrilège.

« Alors, dites-moi où elle est… Je veux savoir où est ma fille… »