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elle courut ramasser l’enveloppe passée sous la porte… Éline écrivait, elle n’était pas malade. Qu’y avait-il donc ?… Ceci :

*

« Ma chère mère, dans la crainte de t’affliger, j’ai reculé jusqu’ici devant une résolution depuis longtemps prise dans mon cœur. Mais l’heure a sonné. Dieu m’appelle, je vais à lui. Je serai loin, quand cette lettre te parviendra. Si notre séparation sera longue, ce que dureront ces jours d’épreuve, je l’ignore ; mais j’aurai soin de te donner de mes nouvelles et te fournirai l’occasion de m’envoyer des tiennes. Sois sûre que je ne t’oublierai pas et que je prierai le Sauveur miséricordieux pour qu’il te bénisse et te donne sa paix selon les promesses de son amour.

« Ta fille toute dévouée,

ÉLINE EBSEN. »

D’abord elle ne comprit pas, et relut lentement, tout haut, phrase à phrase, jusqu’à la signature… Éline… c’était Éline qui avait écrit ça, son enfant, sa petite Lina… Allons donc !… Pourtant, l’écriture, quoique un peu tremblée,