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dam ! et faut ben dire que l’aut’dimanche en entrant vers le bon Dieu de Juvisy, les cierges, les dorures, la belle Sainte Vierge, tout ça y a remué un tas de gringuenotes dans l’estomac, à c’pauvre père !… »

Ce n’est pas la première fois qu’il joue cette comédie, le vieux Baraquin, pour décrocher quarante francs et une redingote neuve. Anne de Beuil résiste, et rien n’est plus drôle que de les voir finasser tous deux, paysan contre paysanne, discuter comme au marché de Sceaux cette vieille âme racornie, qui ne vaut certes pas l’argent. Mais quel triomphe pour le curé si Baraquin retournait à son ancienne église ! Pourtant elle le laisse partir, le dos en deux, geignant, tordu, marchant de travers ; une fausse sortie de marchandage. Au milieu du perron, Anne de Beuil le rappelle :

« Baraquin.

– Plaît-y ? »

Et elle monte avant lui les trois marches qui mènent au petit salon vert. En passant devant le jeune Nicolas, témoin muet de cette scène, le paysan cligne de l’œil, et l’autre, les yeux blancs, la tête sur l’épaule, béat, lâche un verset de circonstance : «