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reconquis son enfant et pressentant la rupture comme elle avait deviné l’amour.

Un instant après, Mme Ebsen arriva, bouleversée :

« Eh ! bien, mon pauvre Lorie ?…

– Elle vous a dit, n’est-ce pas ?… voyons, est-ce que c’est possible ?… moi, encore, je ne dis pas… je l’aime tant, je ferais tout pour lui plaire… Mais ces enfants… Quand je sais les idées qu’avait leur mère. Je n’ai pas le droit… Je n’ai pas le droit… Et renvoyer Fanny comme elle a fait… Elle en pleure encore, la pauvre petite… Écoutez.

– Éline aussi pleure là-haut… Elle s’est enfermée dans sa chambre, pour que je ne lui parle pas… Comprenez-vous ça, m’empêcher d’entrer ?… Nous qui n’avons jamais eu rien de secret l’une pour l’autre. »

Et, remuée dans son apathique et tendre nature, la bonne femme répétait toujours : « Mais qu’est-ce qu’elle a ?… Qu’est-ce qu’elle a ?… » On lui avait changé sa fille. Plus de piano, plus de lecture, une indifférence pour tout ce qui lui plaisait autrefois. À peine si elle consentait à sortir un peu. « Tenez ! ce soir, j’ai dû la forcer… avec