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reconnaissait à peine, tant leur fixité ressemblait peu à la douceur du sourire ami.

« Je ne vous parlerai plus de ceci, » dit-elle… « maintenant vous connaissez mes conditions… »

La mère, trouvant qu’ils s’attardaient, s’approcha d’eux avec Fanny : « Allons… Il faut rentrer… C’est dommage, quelle belle soirée… » et elle continua à parler toute seule pendant le trajet qu’ils faisaient côte à côte en apparence, mais si loin, comme déliés.

« À tout à l’heure… Vous allez venir ?… » dit Mme Ebsen au bas de l’escalier. Lorie rentra chez lui sans oser répondre, et laissa l’enfant prendre ses livres et monter seule. Elle redescendit presque aussitôt, pouvant à peine parler, tant son petit cœur était noyé de sanglots.

« Voilà… Il n’y a plus de leçons… Made… Mademoiselle m’a renvoyée, elle ne veut plus être ma maman… oh ! mon Dieu… »

Sylvanire la prit, l’emporta dans sa chambre, toute suffocante et pleurante. « Tais-toi, ma mie… pleure plus… Je ne te quitterai jamais, moi… Entends-tu ?… Jamais. » On eût dit qu’il y avait une joie dans la grosse étreinte et les baisers bruyants de la servante, heureuse d’avoir